Les hirondelles de Kaboul
Un roman choquant qui reflète l'amour et la violence à
parts égales.
Comme dans la série américaine 'The Handmaid's Tale',
c'est incroyable comme une dictature peut changer la vie des gens. Surtout ceux
des femmes et des filles.
Les Hirondelles de Kaboul est un roman
francophone de l'auteur algérien Yasmina Khadra, édité en France en
2002.
Il fait partie d'une sorte de trilogie à propos de la
situation de certains pays du Moyen-Orient, aux côtés de L'Attentat (2005, Israël
et Palestine) et des Sirènes de Bagdad (2006, Irak).
L'intrigue repose sur quatre
personnages : Atiq et sa femme Mussarat, Mohsen Ramat et sa femme Zunaira.
Au fait, j'adore ce prénom Zunaira, il me rappelle beaucoup les prénoms
Guanches de ma terre de Tenerife.
Ils
vivent à Kaboul pendant la
première période de gouvernement des talibans (1992-2003),
marqué par des exécutions et lapidations publiques. Les femmes sont contraintes
au port de la burqa (tchadri en pachtoune).
Atiq est
le chef de la prison des femmes. Il est malheureux parce que son épouse est à
l’agonie. Il ne se résout pas à la répudier, pratique pourtant
courante, parce qu’elle lui a sauvé la vie pendant la guerre contre les
Soviétiques.
Mohsen
et sa femme Zunaira, avocate et très belle, ont vu leurs carrières et leur
style de vie réduits à néant par l’arrivée des talibans.
Un jour,
Mohsen avoue à Zunaira qu’il a participé à la lapidation d’une femme et
qu’il en a éprouvé une jouissance coupable. Devant ces aveux dictés par le
désir de transparence et de vérité vis-à-vis de la femme qu’il aime, celle-ci
est emportée par la colère. Plus tard, ils partent se promener dans Kaboul pour
se réconcilier. Mais lors d’un contrôle, il est sommé d'aller à la mosquée la
plus proche écouter le prêche, tandis que Zunaira doit l’attendre sous un
soleil de plomb, emmitouflée dans son tchadri étouffant. De
retour à la maison, Zunaira, de nouveau emportée, bouscule Mohsen qui tombe et
se tue. Zunaira est condamnée expéditivement à mort pour avoir assassiné son
époux et emprisonnée dans la prison dirigée par Atiq..
Une fois
en cellule, n'ayant plus rien à perdre, Zunaira rejette son tchadri et demeure
prostrée. En voyant cette belle femme, Atiq en tombe amoureux. Mussarat
constate le changement chez son époux et sachant que la maladie doit l'emporter
dans quelques jours, elle propose de prendre la place de Zunaira.
La
substitution se fait à l'insu de Zunaira, car elle aurait refusé de laisser une
autre mourir à sa place. Elle pense qu’elle doit son salut à l’intervention
d’une personnalité sollicitée par Atiq. Celui-ci la fait sortir de la prison
dans la confusion qui accompagne le départ de la condamnée vers le lieu de
l'exécution (un stade) et lui fixe rendez-vous après cette cérémonie macabre.
Zunaira
ne revient pas, elle disparaît dans la confusion. Atiq, fou de
douleur et d’amour, court après chaque tchadri. Il commence à se déchaîner,
arrache les voiles de chaque femme qu'il rencontre.
Il permet également de réaliser la
signification de la notion de liberté.
Je vous laisse ici avec un petit extrait du début du roman 😊
Mais... Saviez-vous que Yasmina Khadra n'est pas une femme ? C'est un
écrivain algérien qui a adopté le pseudonyme du nom de sa femme pour écrire sur
les réalités de la vie des femmes dans le monde arabe.
En 1997 paraît en France, chez l'éditeur parisien Baleine, Morituri qui le
révèle au grand public, sous le pseudonyme Yasmina Khadra. Il opte
définitivement pour ce pseudonyme, qui sont les deux prénoms de son épouse,
laquelle en porte un troisième, Amel en hommage à Amel Eldjazaïri, petite-fille
de l'émir Abdelkader.
C'est quelque chose comme une Carmen Mola, mais algérienne et n'en étant
qu'une 😁
Le vrai
nom de l'écrivain est Mohammed Moulessehoul et sur Wikipédia on peut lire ce
qui suit à son sujet :
<<
Fils d'une femme nomade et d'une infirmière, officier de l'Armée de libération
nationale, il est enrôlé en 1964 par son père ex-combattant dans une académie
militaire, l'École nationale des cadets de la Révolution. Il commence bientôt
son activité littéraire, qu'il combine avec ses études et plus tard avec son
activité dans l'armée. Son premier roman, Houria, est terminé en 1973, mais il
ne sera publié que onze ans plus tard, en 1984.
En 1989,
après avoir publié six ouvrages sous son vrai nom, il décide de se réfugier
sous un pseudonyme pour éviter l'autocensure qui avait marqué ses premiers
romans et pouvoir se plonger plus librement dans la recréation de l'Algérie de
son temps, marqué par l'antagonisme entre le gouvernement FLN et le FIS
islamiste, qui débouchera bientôt sur une véritable guerre civile dans laquelle
Moulessehoul combat en tant que membre des forces armées. Le pseudonyme est
composé des deux noms de sa femme. Avec lui, il publie en 1990 le roman
policier ‘Le fou au scalpel’. L'ouvrage qui lui donne une renommée mondiale (en
fait son pseudonyme, que le public suppose être le nom d'une femme algérienne)
est Morituri, publié à Paris en 1997, suivi d'autres également publiés en
France qui se penchent sur la crise algérienne : le chômage, la corruption,
l'islamisme, les différences sociales, l'absence de libertés, l'absence de
perspectives, le terrorisme, la répression...
En l'an
2000, Moulessehoul quitte l'armée pour se consacrer entièrement à la
littérature ; C'est alors qu'il révèle sa véritable identité, ce qui provoque
un grand scandale en France et en Algérie. Ceux qui avaient tenu compte dans
leur critique du fait que ces romans à grand succès étaient écrits par rien
moins qu'une femme d'une Algérie déchirée, tombent dans la déception et
l'accusent d'imposture. Son appartenance à une armée accusée dans les années
qui précèdent d'avoir perpétré des massacres sous prétexte de lutter contre le
terrorisme lui cause également des problèmes. Yasmina Khadra racontera dans un
roman, L'Écrivain (2001), les détails de sa vie d'écrivain au sein de l'armée,
tandis que dans L'Imposture des mots (2002) elle fera face à toutes les
accusations portées contre elle. Entre temps, Moulessehoul quitte son pays
natal, et après un court séjour au Mexique il s'installe avec sa femme et ses
enfants à Aix-en-Provence (France) >>.
Sans aucun doute, cela a été une lecture très didactique et illustrative de la tragédie de nombreuses femmes dans le monde.
Est-ce que je recommanderais de le lire? Bien sûr, il est facile à lire et très engageant.